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    L’indochine francaise

par : Célestin

L’Indochine française était un ensemble de colonies et de protectorats recouvrant le Vietnam, le Cambodge et le Laos actuels, regroupés sous le nom d’union indochinoise en 1887. Fondée entre la seconde moitié du XIX ème et 1909, elle ne se finira que par la guerre d’Indochine  dans les  années 1940-1950. L’Indochine n’était pas une colonie de peuplement et encore moins la partie de l’actuel Laos.

Le Vietnam

La conquête du Viêt Nam commença vraiment dans les années 1850, la religion servant de prétexte pour coloniser ce pays convoité depuis les années 1840. En effet, le marché chinois pouvait être atteint depuis l’Indochine. Des missionnaires étaient présents là-bas depuis le XVIIème siècle. Dans un contexte politique tendu avec les européens, ils n’étaient pas toujours bien traités, et en 1857, la décapitation de l’évêque de Tonquin mit le feu aux poudres. Une armée commandée par l’amiral Rigault de Genouilly arriva en Indochine et prit Saïgon. Une seconde dirigée par le contre-amiral Page fut désastreuse mais parvint à prendre Tourane. Elle laissa une partie de l’armée là-bas et partit pour Canton. Les vietnamiens en profitèrent donc pour la reprendre. Après d’autres tentatives, un traité fut finalement signé en 1862 (le traité de Saïgon), faisant de la Cochinchine (partie sud du Vietnam) une colonie française. Mais les français cherchaient toujours une voie vers la Chine pour accéder à son marché. Une expédition fut menée de 1866 à 68 par Francis Garnier et Ernest Doudart de Lagrée dans le but d’atteindre Yunnan depuis le Mékong. S’ils n’y parvinrent pas, ils émirent l’hypothèse que l’on pourrait y arriver par le fleuve rouge. Durant leur expédition, ils étudièrent notamment les ruines d’Angkor qui fascinèrent longtemps les foules européennes.

 La voie entre la Chine et le Vietnam qui reliait Tonkin à Yunnan fut établie en 1873 par Jean Dupuis. L’Indochine intéressait toujours les français notamment pour ses mines. La colonisation continua et l’ensemble du territoire fut considéré comme français en 1883-84 par les traités de Hué. Le territoire était constitué du protectorat d’Annam au centre de l’actuel Vietnam, du protectorat du Tonkin et de la colonie de Cochinchine. En 1887 elle fut intégrée à l’Indochine française.

 

                                                        Le Cambodge

A la fin des années 1860, le Cambodge était un territoire envié des français. Certains  fugitifs de leurs conquêtes précédentes s’y étaient refugiés, les nouvelles plantations qui naissaient en Cochinchine pourraient s’y étendre et, de plus ils avaient peur que les Anglais ne s’y installent avant eux. Le roi du Cambodge, Norodom (qui n’était cependant pas encore couronné), à cause de tensions avec le Siam, demanda à passer sous protectorat. Le document fut amené par Ernest Doudart de Lagrée, et signé par le roi du Cambodge le 5 octobre 1863. Cependant de nouvelles conditions furent mises en jeu et Napoléon III (à l’époque empereur des français) tarda à les signer. Norodom hésita à se tourner vers le Siam, mais finalement il renonça et le traité fut reconnu par le Siam en échange des provinces de Battambang et d’Angkor. Cependant en juin 1884, la France demanda d’autres conditions en sa faveur, dont l’unification à l’Indochine française au roi Norodom. Celui-ci refusa mais la France l’appliqua quand même et bientôt, sous un prétexte quelconque, demanda la transformation du protectorat en colonie. Cela tourna à la révolte armée qui débuta en  janvier 1885. L’année suivante, la France négocia un accord, qui néanmoins sera réformé pour revenir aux premières conditions  en  faveur de la France, comme l’unification à l’Indochine française. La province d’Angkor fut reprise au Siam en 1893.

Le Laos

Le Laos était, lorsque la France y établit un consulat en 1885, un royaume vassal du Siam. Mais, en 1888, les pavillons noirs attaquèrent le Siam et le  Laos. La France protégea ce dernier et, à la fin de la guerre, le roi du Laos demanda le protectorat français.

 

Le Siam entra en guerre, et finit en octobre 1893 par reconnaître le protectorat du Laos. La France continua de s’étendre sur les terres du Siam avant d’être  arrêtée par les Siamois avec l’aide des Britanniques en 1907. Entre temps, en 1899, le Laos, alors divisé en deux parties, fut unifié et incorporé à l’union indochinoise.

 

l’Indochine conquise

L’Indochine conquise s’intéressait aux arts et à la culture indigène. L’école française d’extrême orient (EFEO), dont le but était d’étudier les peuples asiatiques, fut fondée en 1900 en Indochine. Angkor, mystérieux, passionnait (la EFEO s’y intéressait par ailleurs). Un pavillon lui fut  dédié à l’exposition de 1889. On s’en inspira pour le pavillon du Cambodge à l’exposition colonial de Marseille en 1906 et il fut présent en 1931 à l’exposition coloniale internationale, à Paris. Une exposition fut tenue à Hanoï entre le 16 novembre 1902 et le 15 ou 16 février 1903.

Il s’agissait d’une foire internationale à laquelle participaient d’autres pays d’Asie du sud-est : Chine, Inde,  Japon, Ceylan, le Siam…Elle était organisée pour marquer le changement de capitale de l’Indochine Française : de Saïgon à Hanoï. Paul Doumer fut nommé gouverneur général de 1897 à 1902. Sous sa nomination, le gouvernement s’organisa, la capitale se déplaça à Hanoï et l’économie Indochinoise fit d’incroyables progrès et allait globalement en grandissant.

 économie

 

L’agriculture connut de grands progrès dès 1893 avec la transformation de marécages en terres cultivables grâce à des machines. Des impôts commencèrent à être prélevés. Et Vers 1890, l’Indochine s’industrialisa. De nombreuse mines furent exploitées, notamment dans l’entre deux guerres. A cette époque, dans les années 1920, l’Indochine connut son âge d’or économique notamment grâce à  la culture du caoutchouc. Les premiers essais eurent  lieux là-bas en 1897. En 1899, Alexandre Yersin  en en plantait au Vietam. En 1906, le commissaire de la sûreté de Saïgon gagnait 100 000 francs grâce à la culture d’arbres à caoutchouc. La culture du caoutchouc là-bas connut une très importante augmentation de 1926 à 1930. Le Cambodge et le Laos, quant à eux, ne comptaient que peu de colons avant les années 1920, époque durant laquelle ils se multiplièrent un peu surtout avec les grandes plantations de caoutchouc (mais il n’y avait néanmoins que 574 européens au Laos en 1937!). Anaam, quant à elle, se développa en 1927 avec le thé et le café. L’opium représentait hélas 40% du budget de l’Indochine française en 1916. Le  transport connut d’importants progrès notamment avec le transindochinois qui reliait Hanoï à Hô Chi Minh-Ville. Il fut construit entre 1905 et 1936. Il coûta la vie à 12 080 personnes.

 Mais si l’Indochine rapportait beaucoup à la France, de nombreuses  révoltes  eurent lieu de la part des indigènes, souvent défavorisés dans une société inégalitaire. Au sud du Laos par exemple, une révolte eut lieu, menée par plusieurs peuples Laotiens de 1901 à 1936 avec le gros des troubles en 1907. Le nord-est fut aussi agité par des troubles de 1899 à 1910. Il y eut également, dans les années 1920 et au début des années 1930, des révoltes communistes et nationalistes violemment matées par le gouvernement colonial. A cette même époque, le caoutchouc se vendit moins bien et le cours du riz s’effondra en 1930. De plus, le krach de Wall Street gagna l’Indochine et l’économie finit par s’effondrer. Le mouvement du front populaire de 1936 gagna l’Indochine et, sous le gouvernement Léon Blum, de nouvelles  lois protégeant les travailleurs furent admises, de même que l’amnistie et la liberté de paroles ainsi que d’associations mais déjà la seconde guerre mondiale approchait. Elle fut suivie de la guerre d’Indochine qui libéra cette dernière de la France puis de la guerre de Vietnam, menée par les Etats-Unis, pour empêcher que le Vietnam ne devienne communiste.  

Architecture

La période coloniale nous a laissé de nombreux souvenirs architecturaux. Le palais présidentiel à Hanoï fut construit entre 1900 et 1906 et était à l’époque la résidence du gouverneur général. L’opéra de Hanoï, quant à lui, fut construit entre 1901 et 1911. Il est avec le théâtre municipal de Hô chi minh ville (ci-dessus), construit entre 1898 et 1900, et l’opéra de Haïphong, un des rare opéra construit en Indochine pendant la période coloniale. Détruit depuis, le grand palais de l’exposition, servit pendant l’exposition qui se tint à Hanoï en 1902-1903. Quant à la cathédrale saint Joseph de Hanoï, elle fut construite en 1886 pour marquer le pouvoir colonial remplaçant le site d’un temple vieux du XVème.

 

 

La période coloniale nous a aussi laissé des villes, parfois de villégiature, telle que Dalat ville, fondée par Alexandre Yersin qui y fut envoyé par le gouverneur général Paul Doumer en 1897 dans le but de fonder une station de vacances pour les colons indochinois. Yersin se rendit sur le terrain, enquêta, et en 1912, Dalat fut officiellement crée. Elle nous laisse un incroyable témoignage d’architecture, souvent art déco, notamment avec son hôtel hotel dalat palace fondé en 1922 ou l’institut Pasteur, construit entre 1930 et 1936. Sa Pa, quant à elle, si elle existait auparavant, a été transformée en station balnéaire progressivement avec tout d’abord un sanatorium pour officiers malades en 1912 puis dans les années 1920, plusieurs villas privées. Mais Sa Pa ne devint vraiment une destination touristique qu’après 1993.

Crédits images:

Introduction

Petites marchandes de fleurs Hanoï début du XXème siècle.

 Viêt Nam

Voyage d’exploration en Indochine 1873

Charles Rigault de Genouilly, 1860-1870

 

Cambodge 

membres de l’expédition Francis Garnier Ernest Doudart de Lagrée à Angkor, 1866-1868

Laos 

Armée Siamoise, 1893

Canonnière le Lutin vers 1880

 

L’Indochine conquise 

Le monde illustré, 1891 représentant(de haut en bas de droite à gauche) le Lac-Kaï, un navire sur le quais d’Hanoï, une rue inondée a Hanoï et un embarcadère Hanoïens.

Affiche pour l’exposition à Hanoï, 1902

Affiche pour les ruines d’Angkor, 1911

 

Economie 

Charrette, vers 1895  

Usine d’opium

Inauguration du train Saïgon-Cholon 1881

 

Architecture 

Théâtre municipal d’Hanoï vers 1910

 

 

 

 

Sources du dossier :

Wikipédia Indochine française

Wikipédia histoire du Viêt Nam 
Wikipédia Viêt Nam
Wikipédia protectorat Français du Laos 
Wikipédia protectorat Français du Cambodge 
Wikipédia protectorat français du Tonkin 
Wikipédia protectorat français d’Annam
Wikipédia Cochinchine française 
Wikipédia Campagne de Cochinchine
Wikipédia guerre franco siamoise de 1893

Radio France Indochine histoire d’une colonie Française épisode 2/4 

peuple et montagne du Mékong Protectorat français du Laos (1893-1954:brève histoire du Laos (partie 1.)