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La vie quotidienne pendant la Révolution française

par : Apolline

 

A quoi ressemblait la vie du peuple à l’époque de la Révolution française ? Comment mangeait-il ? Comment s’habillait-il ? Si vous lisez cet article, vous ne vous poserez plus ces questions !

Dans la rue et dans les immeubles…

Les rues sont sales. Il n’y a pas de tout à l’égout, on parlerait plutôt de tout à la rue, car on met les excréments et tous les déchets dans la rue. Il y a un seul éboueur : les animaux. 

Le peuple vit souvent dehors, ce qui veut dire, dans la saleté, car il ne peut souvent se louer qu’une seule pièce, sans fenêtre, et pour avoir de la lumière, ils vont dans la rue.

Ces rues, tout le monde y vit, car les bourgeois et les nobles aussi y vivent, sauf pas au même étage : les pauvres sont souvent sous les combles, les nobles ne vont quand même pas se faire tous les escaliers (pour les filles, avec leurs jupes…). Les nobles vivent au premier et deuxième étage, ainsi que les bourgeois.

Les bourgeois (une partie du peuple qui a réussi à s’enrichir en travaillant) payent quand même des impôts, ce qui aidera à la révolution, parce qu’ils ne comprennent pas pourquoi, eux, qui ont réussi à s’enrichir, payent quand même des impôts. Eh bien moi je vais vous expliquer pourquoi : parce qu’ils ne sont pas nés nobles, et donc il n’ont pas leurs privilèges.

Le pain 

Une des causes de la révolution est le pain. Le pain, à l’époque, est l’aliment de base du peuple. Sauf que son prix est treize fois plus élevé qu’aujourd’hui (l’équivalent de 56 euros la miche). Et en plus, les paysans qui amènent le grain des campagnes s’en font prélever un peu à chaque passage de village, de ville, de pont, etc. C’est une sorte d’impôt, il s’appelle l’octroi, et cet impôt va directement dans les caisses du roi. 

Pendant ce temps, les nobles continuent à manger du pain blancs et pur. Sauf que chez les pauvres, les boulangers ont modifié la recette, parce qu’il n’y a pas assez de farine. Ils y ajoutent de la sciure de bois, des flocons d’avoine, de l’argile, etc. 

Les boulangers font crédit au peuple, mais un jour, le peuple ne peut tout simplement plus rembourser, donc les boulangers arrêtent de faire crédit. Alors le peuple prend le pain de force dans les boulangeries, casse les vitres, défonce les portes, etc. Alors, le peuple décide d’enlever l’impôt sur le blé. Il le fait de la manière la plus radicale, il brûle les barrières qui servent à prendre l’impôt. Entre la nuit du 13 et du 14 juillet 1789, il brûle 40 barrières sur les 54 qui entourent Paris. 

La Révolution continue !

Avant cela, le roi amène l’armée autour de Paris et de Versailles. Le peuple, ayant peur qu’il veuille écraser Paris, se révolte encore plus, ce qui amènera à la prise de la Bastille. 

En une journée, qui a fait beaucoup de morts, la Bastille est prise. Le maître de la garde robe du roi, dit même au roi, au  milieu de la nuit : “Sire, la Bastille est prise”. Le roi répond un peu “ah…Ah bon ? Une révolte ?“Non sire, répond son maître de la garde robe “ une révolution ».

Le roi réagit peu, alors les bourgeois, représentants du tiers états, qui avaient fait le serment du jeu de paume (voire article sur la révolution), trouvent qu’on a un peu desserré leurs menottes, et prennent de plus en plus de pouvoir, jusqu’à proposer la nuit du 4 août 1789, que les privilèges soient abolis, ce qu’on accepta. Cela signifiait que le peuple avait le droit de chasser, ne payait plus le moulin et ne travaillait plus gratuitement pour leur seigneur, ce qui était une nette amélioration. Mais les bourgeois n’allaient pas s’arrêter là… 

La mode 

Les vêtements aussi changent. Si tu ne portais pas le bon vêtement, ben…tu pouvais ne plus tout à fait avoir ta tête sur tes épaules… Ni sur le cou ! 

S’habiller simple devient la mode, parce que c’est un soutien au peuple. 

Le vêtement du noble se transforme : les collants et les culottes moulantes se transforment en pantalons, jusque-là portés uniquement par les pauvres. Puis c’est autour de la dentelle de faire ses adieux, elle quitte les machettes, le jabot se transforme en un foulard en lin, les broderies se transforment en tissu plus simple. La perruque s’en va car il est à la mode de se montrer comme on est, c’est un signe de liberté. 

Pour les femmes, les corsages se desserrent, les broderies et les motifs désertent les robes, là aussi, comme pour les hommes, les tissus sont plus simples, un châle est posé sur les épaules, une robe qui descend jusqu’au pieds, mais le plus souvent sans panier, voilà qui décrit assez bien la mode féminine. 

Le sans-culotte, c’est le nom utilisé pour dire “un révolutionnaire” car ils ne portent plus de culottes. Il y a bien des femmes qui ont essayé de devenir des sans-culottes et se sont engagées dans l’armée mais ça ne passait pas très bien, et le fait de porter des pantalons pour les femmes a été interdit en 1793.

La médecine et l’hygiène 

L’Assemblée nationale interdit  les corporations de médecins car il fallait être noble pour y entrer, ce qui est inacceptable, à l’époque. La conséquence est que tout le monde peut faire ce métier, il n’y a même plus besoin d’être médecin pour dire qu’on l’est, alors, cela fait quelques dégâts…

Les médecins de l’époque croyaient fortement dans les ventouses, qu’on utilise encore aujourd’hui, mais pour faire des massages. A l’époque, on croyait qu’en tirant la peau, on tirait aussi les humeurs malignes, qui étaient censées apporter les maladies. Cette croyance était répandue depuis Hippocrate, qui croyait qu’il y avait quatre liquides dans le corps : la bile noire, la bile jaune, le sang et la lymphe. Quand ils étaient équilibrés, vous étiez en bonne santé, quand ils ne l’étaient pas, vous étiez malades, ce qu’il appelait les humeurs malignes. Malin, théorie intéressante, mais ce n’était pas tout à fait exact…

Du temps où les médecins étaient autorisés, seuls les nobles ou les bourgeois pouvaient les payer. Du coup on appelait n’importe qui : le maréchal ferrant, le barbier, ou même le bourreau – après tout, il connaissait les morts. 

L’interdiction a donné lieu à pas mal de charlatans. Une de ces pratiques a beaucoup plus : le mesmérisme. Cela consistait à te mettre dans une cuve en tenant une corde. On croyait que le magnétisme animal qui serait dégagé par tous les humains, chasserait toutes les maladies le long de la corde. 

Mais il y avait quand même des progrès, apportés par le siècle de Lumières. La variolisation, par exemple, était l’ancêtre du vaccin : cela consistait à te mettre un tout petit peu de variole quand tu étais en bonne santé, ce qui n’était pas censé te rendre très malade, et t’immunisait. A l’époque on mettait les fous dans les cachots, mais un homme, le docteur Pinel, a contraint les gens à les sortir des cachots pour tenter de les guérir en les faisant jouer et chanter car il avait compris qu’il s’agissait de maladies mentales. 

L’assemblée nationale commence à recréer des écoles de médecine, où cette fois, tout le monde peut entrer. Puis les charlatans sont interdits en 1803. 

Une chose est sûre, si on a une plus grande espérance de vie, ce n’est pas grâce à la médecine, c’est grâce au retour de l’eau. L’espérance de vie est de trente ans, contre vingt-cinq au début du siècle. 

A la campagne, on se baigne dans les rivières. A Paris, c’est déconseillé. Car dans la seine, il y a des restes d’animaux morts, des déchets, du sang, etc. qui n’aident ni à l’hygiène, ni à l’espérance de vie. Donc soit on utilise les bains publics, soit on se baigne chez soi, dans sa chambre, dans une baignoire de métal – plus facile à ranger car moins lourde. A l’époque, l’eau courante existe mais chez très peu de personnes. C’est Jacques Constantin Périer qui l’a inventée. 

On se baigne en chemise à l’époque et on met du lait dans le bain pour troubler l’eau car on reçoit des visiteurs… Il ne faudrait pas gaspiller du temps pour rien !

 

La presse et la liberté d’expression

Maintenant, on ne s’appelle plus Monsieur et Madame. Citoyen et Citoyenne conviennent très bien ! Et d’ailleurs les droits de l’homme et du citoyen sont écrits et publiés pendant l’été 1789. Ils disent que tous les citoyens sont égaux, que tout monde est égal devant la justice, et que tout le monde est libre de s’exprimer. L’école devient gratuite et laïque. Avant elle était payante et religieuse. A l’époque, le but de l’école est de faire de bons citoyens, qui aiment la révolution. 

J’ai parlé de la liberté d’expression, mais j’ai oublié de dire qu’il y a aussi la liberté de la presse. Ça fait fureur ! On court dans tout Paris pour annoncer les nouvelles. Les journaux se publient par centaines. Ils coûtent six euros, trois fois plus qu’aujourd’hui. On ne raconte pas que des faits, on donne des opinions, et certains disent des choses très violentes pour faire avancer la Révolution, comme Marat qui a dit “C’est par la violence qu’on doit établir la liberté !” 

D’ailleurs, ce même Marat a été assassiné dans sa baignoire par une jeune royaliste, Charlotte Corday.

La fuite du roi

Un jour, enfin, plutôt une nuit, le roi organisa une fuite. Explication : le but était de rejoindre la Lorraine et de faire une révolution royaliste avec l’aide de l’empire d’Autriche. Mais ça rata quelque peu. Le roi était déguisé en valet, et la reine en femme de chambre. Mais ils se sont fait démasquer à Varennes, par un intelligent maître de poste qui s’est dit que le visage de ce valet ressemblait beaucoup à celui qui était sur les pièces de monnaie. 

A bas l’Ancien Régime !

Et maintenant, l’Assemblée nationale décide de tout changer. Le système de mesure, qui se comptait en aune, pouces et pieds différents selon les régions se transforme en notre système métrique, même s’ il n’est pas utilisé tout de suite. Ensuite, c’est le calendrier qui est transformé, les noms des mois et jours sont changés, pour qu’il n’y ait plus de référence à la religion. Les mois peuvent s’appeler germinal, car c’est le moment où les graines germent, brumaire, pluviose, etc.  Il y a 10 mois dans l’année, qui comptent trente jours, et les semaines sont de dix jours. 

Il n’y a pas que le calendrier où on veut enlever les noms religieux. Il y a aussi les prénoms. Certaines personnes s’appellent ainsi Brouette, Charrue, Armoire, Belle-de-nuit. 

Même le jeu de cartes change les noms des cartes. Par exemple, le roi de cœur s’appelle “pouvoir exécutif de cœur”.

En prison !

Louis XVI et sa famille enfermés dans le palais des Tuileries

Mais pendant ce temps, les royaumes d’à côté ont peur que la Révolution contamine leurs pays. Alors, ils déclarent la guerre. Ça fait des ravages. C’est atroce. Le peuple pense que c’est le roi qui est responsable. Alors, le roi doit abdiquer. Le voilà citoyen, comme tout le monde. Le citoyen Louis Capet. Après, il est mis en prison. Bon pas comme tout le monde, d’accord, il a le droit d’avoir des valets, il continue de prendre le thé, mais il est enfermé dans les Tuileries. C’était un palais, mais c’est tout de même une prison. 

Tout le monde n’a pas les mêmes conditions que lui. Il y a les pailleux, qui dorment sur la paille dans une prison sale et lugubre. Mais c’est déjà mieux qu’avant, où les prisonniers étaient à la torture pour avouer. On pensait que la torture garantissait que les réponses soient fiables. Ils pouvaient avoir des membres cassés, des ongles arrachés, etc.

Maintenant, il n’y avait que la République qui avait le droit d’exercer la justice, non plus le roi et le clergé. Il y a aussi quelque chose qui parait tout bête, mais qui est un réel progrès. Tu as droit à un procès. Tu sais de quoi tu es accusé, ce qui fait que tu peux te défendre.

Maintenant, tout le monde a droit à un avocat, le roi peut même choisir le sien. Olympe de Gouge, une célèbre féministe qui voulait l’égalité entre tous, une révolutionnaire contre la peine de mort, s’était proposée, mais il a choisi François Denis Tronchet, Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes, Raymond de Sèze, trois nobles royalistes. Louis XVI, après un procès de seize jours, est condamné à mort. La guillotine. Elle a été inventée – enfin, pas vraiment inventée, adaptée, par le docteur Guillotin. Et à l’époque, la guillotine fonctionnait à plein régime. Ironie du sort, le docteur Guillotin l’a présentée au roi quelques mois avant la Révolution. Cela fait moins souffrir que la pendaison, l’écartelage, etc., elle a cet avantage, mais elle a aussi le désavantage que c’est tellement facile qu’on en use un peu trop la lame… 

S’amuser…

La révolution, on prend ça que pour des guerres incessantes et de la Terreur. Mais non, il y avait aussi de nombreuses fêtes. Par exemple, savez-vous d’où vient la comptine pour enfant “Dansons la capucine” ? Sûrement pas, alors je vais vous l’apprendre. C’est une adaptation de “Chantons la Carmagnole”, un hymne révolutionnaire. Napoléon l’a interdite, alors on en a fait une adaptation. C’est une chanson censée ridiculiser le roi, et en même temps, c’est un chanson politique, elle prend parti pour les révolutionnaires. 

Et d’ailleurs, le 14 juillet, vous pensez qu’on fête la prise de la Bastille ? Que nenni! Ils se sont dit “oui, c’est un peu sanglant, on ne va pas fêter une bataille où il y a eu plein de morts” Et ils se sont dit “tiens, j’ai une idée, on va fêter la fête de la prise de la Bastille”. Donc aujourd’hui on ne fête pas la prise de la Bastille, mais on fête la fête de la prise de la Bastille. 

La guerre

Au début de la guerre, la France était en mauvaise posture. Tous les pays l’attaquaient de toute part. Alors, ils ont dû appeler des volontaires, on appelait ça “la levée de masse”. Et ça a marché. Dans les premiers temps, il s’agissait de volontaires, puis, la Convention réquisitionne par tirage au sort, parmi les veufs et célibataires de 18 à 30 ans. C’est ce qui déclencha la guerre de Vendée, mais c’est une autre histoire. 

La cuisine

La cuisine à la Révolution, ça s’appelle des tentatives. Certaines réussies, et… d’autres un peu moins. Par exemple, le concombre chaud. Même si personnellement, je n’ai pas goûté. 

La grande mode, c’est la fraise. Une sorte de fraise qui vient tout juste d’être inventée, même si elle est aujourd’hui très répandue. Ça s’appelle la fraise ananas parce qu’elle est très grosse. On en met partout, même sur les omelettes. C’est aussi la mode, les omelettes à la fraise. Mais il y a aussi des choses meilleures, par exemple, le foie gras. Il était déjà inventé, mais il a été répandu sous la Révolution. 

Le champagne et le camembert aussi ont été inventés. Le camembert a été inventé par Marie Harel et un prêtre réfractaire, donc contre la Révolution. 

C’est d’ailleurs dans les restaurants qu’on sert tout cela. Mais savez-vous d’où viennent les restaurants ? C’est justement sous la Révolution qu’ils ont été inventés. Les nobles sont partis de peur de ne plus avoir la tête sur les épaules, si vous voyez ce que je veux dire. Et du coup, il restait leurs cuisiniers, qui ne savaient que faire. Alors, ils ont inventé des restaurants. 

Et le nom “restaurant” d’où il vient ? Je vais vous le dire. Ca vient d’un certain M. Boulanger, qui faisait une soupe, et sur sa devanture, il avait écrit “Venez vous restaurer !”. Il faisait un bouillon comme je vous ai dit. Et du coup, on trouvait ce bouillon “restaurant”. C’est de là que vient le nom. 

Le Directoire

 Les français gagnent une grande bataille : la bataille de Fleurus. Ils ne sont donc plus aussi menacés et ont moins besoin de la terreur. Du coup, ils guillotinent Robespierre, qui voulait garder la Terreur, et qui en était un symbole. 

La Terreur s’arrête et le Directoire commence. Le Directoire est dirigé par cinq hommes. Pourquoi cinq ? Parce qu’on ne veut pas que tout le pouvoir soit entre les mains d’un seul homme. 

Et maintenant, tout est toléré, les nobles sont libérés et reviennent d’exil. Certains d’entre eux sont même devenus provocateurs. 

A propos de provocations, des nobles et des bourgeois enrichis pendant la Révolution ont créé les Incroyables et les Merveilleuses, qui portent un brassard noir ou un ruban rouge autour du coup, pour dire qu’un des membres de leur famille est mort sous la guillotine. Et aussi, ils ont décidé de parler sans r, car c’est la première  lettre de Révolution. Ce qui veut dire qu’ils sont contre la Révolution. En fait, c’est un retour au luxe de l’Ancien régime, on étale sa richesse. Pour les hommes, la mode est très Ancien Régime. Et pour les femmes, il est bien vu de mettre des étoffes précieuses et de dévoiler sa peau.

Et c’est là qu’apparaît la valse. Une danse qui à la base venait du peuple, mais qui s’est répandue chez les nobles, qui était mal vue, car on se tenait dans les bras mais qui s’est fait accepté et est toujours là de nos jours. 

C’est aussi à ce moment-là que l’esclavage est aboli et que la liberté de culte et le droit au divorce apparaît. 

Après Napoléon, un général de l’armée, que ses victoires ont rendu très célèbre, met fin à cela en faisant un coup d’état, prétendant protéger la Révolution, alors qu’il revient vers plus d’ordre et enlève certains droit (abolition de l’esclavage, droit au divorce, liberté d’expression). Commence alors le premier empire. Mais ce sera peut-être un autre article. Moi, je m’arrête là ! Je vous laisse en plein suspense…

Sources de l’article :

L’Histoire au quotidien – La révolution française 

Quelle aventure: La Révolution Française

Les disparus de la malle- poste, par Evelyne Brisous-Pellen

La révolution d’Aurore, par Catherine Cuenca