Le XVème siècle: une transtion
par : Célestin

Le XVème siècle marque un tournant décisif dans l’histoire. Qui n’a jamais entendu parler de 1492 et de la découverte de l’Amérique? Cependant ce n’est pas le seul événement important du XVème siècle. Tant dans le domaine des exploration tel que les explorations de l’amiral chinois Zheng He , de la découverte pour l’Europe d’une grande partie de l’Afrique de l’ouest dès 1430 que dans le domaine des arts et de la science avec le découverte de l’imprimerie en Europe et de l’amélioration de la perspective. Le XVème marque en Europe le début de la « renaissance ». On voit souvent le moyen-âge comme une période sombre entre la brillante antiquité et la resplendissante renaissance. Or cette image en plus de simplifier beaucoup de réalités complexes est radicalement fausse. De nombreuses inventions ont marquées le moyen-âge. De plus, bien que le moyen-âge soit une notion essentiellement européenne, Al-Andalus, la péninsule Iberique dominée par les arabes du 8eme au 15eme siècles, ne fut -elle pas une civilisation brillante et ouverte, du moins jusqu’ au XIVème? Somme toute, le XVème marque en Europe une sorte de transition entre un système féodal et plutôt refermé sur lui même au niveau commercial et une aire d’exploration, de découverte de nouvelles terres et d’engouement pour les arts et les savoirs de l’antiquité (notion assez large néanmoins). On voit apparaître l’imprimerie en Europe (elle existait en Chine dès le 7ème siècle), ce qui bouleversera radicalement le monde du savoir. On notera tout de même que la renaissance est une notion large et qui se déroula progressivement. Personne ne se réveilla un matin en réalisant qu’on était passé dans une nouvelle ère. Si les premières notions de ce que l’on appelle renaissance naissent vers 1350 en Italie, la France ne connut vraiment le mouvement que vers le début des années 1500, bien que la féodalité soit sur une pente descendante depuis longtemps. De grandes différances existent entre les différent pays d’Europe par rapport à l’arrivée de la renaissance. Si le Portugal se lança dans de grandes découvertes dès le début du XVème, l’Espagne, quant à elle, ne suivit l’exemple que plus tard. En 1431, les français brûlaient Jeanne d’Arc et trois ans plus tard le Portugal franchissait le cap Bojador. En 1453 les français et les anglais finissaient la guerre de cent ans et la même année Gutenberg travaillait à l’amélioration de l’imprimerie. Comme on peut le voir sur ces exemples il existait d’énormes décalages entre les pays d’Europe par rapport à l’arrivée de la Renaissance. Cependant un pays ne vit pas la renaissance d’un coup, si certaines choses peuvent paraîtres pleine de progrès, d’autres ne le sont pas forcement dans le même pays. Tout dépend par ailleurs de ce que l’on met sous ce terme. Il n’y a pas grand chose à voir entre la redécouverte des œuvres de l’antiquité et la découverte de l’Amérique. Nous parlons donc d’une notion floue et non déterminée de manière chronologique.
La France



La France du XVème est avant tout minée par la guerre, le banditisme et la pauvreté. Du point de vue du peuple, la guerre est un vrai désastre : des mercenaires viennent le piller, les batailles sont meurtrières et une fois qu’ils ne trouvent plus de travail, les soldats deviennent souvent bandits et ravagent le pays. Les Coquillards, une bande de brigands (voir art de décembre 2021) ravagent la Bourgogne. Cette région, gouvernée tout d’abord par Philip le Bon puis par Charles le Téméraire (anciennement dit le Charolais), était en perpétuel conflit ou tension avec la France dont elle faisait officiellement partie. Une guerre eut lieu entre Charles le Téméraire et le roi Louis XI, prolongeant la guerre de cent ans à peu près finie du côté français et anglais vers 1453.

La Bourgogne et la France étaient pourtant réconciliées depuis le traité d’Arras en 1435 (auparavant la Bourgogne avait basculé du côté Anglais). La France du XVème est donc scindée entre le duché de Bourgogne (qui ne possède pas que la Bourgogne) et le royaume de France. Le canon est alors l’arme principale, elle fut utilisée dans de nombreuses batailles, comme celle de Castillon en 1453, et il sonne la fin progressive de la chevalerie, qui se retire peu à peu dans les joutes et les tournois, mais continue à être utilisée. On lui préfère la cavalerie légère, les fantassins et les canons. La France du XVème hérite donc de cette terre traumatisée, ruinée (la campagne ne retrouvera sa prospérité qu’au milieu du XVIIIème siècle). La féodalité, quant à elle sur le déclin depuis le XIIIème, continue de s’estomper. Cependant, la France d’après la guerre, sous Louis XI depuis 1461, est aussi la France des grandes foires.
La chevalerie

Au XVème siècle, les chevaliers obéissent à des règles strictes définie par le code de l’honneur. Les jeunes nobles destinés à la chevalerie devenaient chevaliers vers 20 ans lors de la cérémonie de l’adoubement.
L’artillerie devenant de plus en plus influente durant le XVème siècle, les fantassins et la cavalerie légère se trouvent plus utiles sur les champs de batailles que les chevaliers, qui pourtant ne les quitterons vraiment que plus tard. Jacques de Lalling, célèbre chevalier anglais, qui ne concevait que du dédain pour les armes autres que son épée, fut tué par un canon en 1450. Les tournois, eux, ne disparaîtront en France qu’à la fin du XVIème, lorsque le roi mourra lors de l’un d’eux, par une lance dans l’oeil.
Pour tournoyer, les chevaliers les plus riches combattaient sur des destriers et les plus pauvres sur des roncins.
Les destriers auraient été des chevaux massifs mais moins lourds que des chevaux de trait, plus proches des chevaux baroques comme l’Andalous ou le Frison.
Ces derniers auraient d’ailleurs reçu du sang de chevaux arabes pendant les croisades (information néanmoins contestée par certains).
Néanmoins l’apparence des destriers est très controversée. Le roncin, quant à lui, était un cheval grossier utilisé par les paysans. Pour la parade, on utilisait un palfroy, cheval très élégant. Quant au haquenée, il était utilisé par les dames.
Les armures sont en réalité beaucoup plus légères qu’on l’imaginait. À partir du début du XVème, elles couvrent tout le corps. Au-dessous, on enfilait un gambison, une sorte de cotte rembourrée, puis un haubert, tunique capuchon en cotte de maille et enfin, la cuirasse. Le heaume était porté sur la capuche du haubert. Des gantelets de fer protégeaient les mains et des souliers de fer, également appelés solerets, protégeaient les pieds.
Il existait plusieurs types d’épée, comme une épée longue pour le combat à pied, courte pour le combat à cheval ou encore la coustille pour achever l’adversaire.
La chasse

Au XVème siècle, seuls les nobles pouvaient chasser. On chassait notamment à court ou au faucon.
Le traité de chasse de Gaston Foebus, datant du XIVème siècle, était un traité de chasse très renommé, et qui le resta longtemps.
La fauconnerie consiste à lâcher (en lui enlevant son capuchon) un faucon pour qu’il ramène une proie.
Elle était pratiquée à la fois par les hommes et par les dames, contrairement à la chasse a court.
Les rapace utilisés pouvaient aussi être d’autres rapaces que des faucons, comme des milans ou des éperviers.
La chasse à court, quant à elle beaucoup plus violente, consistait à lâcher des chiens sur l’animal et à le poursuivre à cheval.
Venise

Perdue sur la lagune, entourée d’eau de toute part, Venise a réussi à atteindre une puissance commerciale impressionnante. Le XVème siècle a vu à la fois son âge d’or et son déclin.
A cette époque, Venise était une cité-état (c’est à dire une ville indépendante) très importante, existant depuis 697.
Son arsenal était capable de monter un navire en très peu de temps. Ses galères dominaient le commerce méditerranéen, commerçant avec Constantinople et ayant de nombreux comptoirs.
Venise vit son apogée coloniale en 1450. Elle possédait même des terres en Italie, hors de la lagune. On la surnommait la Sérénissime.
La ville était gouvernée par le Doge et le grand conseil, constitué de tout les praticiens (nobles vénitiens). Le palais des Doges sur la place Saint-Marc est encore visible aujourd’hui.
Mais la prise de Constantinople en 1453 (bien que Venise s’arrange par la suite avec les turcs ), puis la découverte de l’Amérique marquent la fin de son âge d’or.
Le Portugal


Au début du XVème siècle, le Portugal en a fini avec la Reconquista, la reprise de la péninsule ibérique musulmane (qui se poursuit en Espagne) depuis longtemps. Il faut occuper la noblesse et l’Espagne a refusé l’aide du Portugal pour finir de détruire Al-Andalus. Les portugais décident donc de poursuivre la reconquista… en Afrique! En 1415 ils rassemblent des navires dans de nombreux pays et attaquent Cuesta.
Le jeune infant dom Henrique (1394-1460), plus tard surnommé Henri le navigateur, est nommé gouverneur de l’Algarve pour le récompenser de sa bravoure. L’infant se tourne alors vers la mer.
En 1427, l’explorateur Diego Slives découvre une île des Açores (les dernières d’entre elles ne seront découvertes que dans les années 1450).
Le navigateur Gil Eane est envoyé franchir le cap Bojador, à l’époque considéré comme très dangereux. Il en revient sans l’avoir franchi et don Henrique l’y renvoie. Il le franchit donc en 1434.
On colonise peu à peu les Açores et Madère par le système des capitainara donator, un système féodal tardif. Les seigneur devaient, certaines choses à dom Henrique des impôt entre autres.
João Gonçalves Zarco, l’un des explorateurs ayant redécouvert Madère, reçoit la moitié de l’île en capitainaria donator.
Madère et les Açores sont progressivement colonisées. On plante de la vigne à Madère (vin de Madère), du blé aux Açores. On envoie des lapins, des moutons et d’autres animaux dans cette archipel. Les meilleures terres intéressent les nobles, les autres les bourgeois.
Les portugais commencent à importer de l’or de Guinée dès 1442.
En 1449 le roi Alfonso V prend le pouvoir, après s’être liberé de la régence et de l’influence du duc de Coimbra après la bataille d’Alfondoberjia. Il continue à faire découvrir d’autres terres, sous l’influence de don Henrique.
Alvise Cadamosto, un jeune navigateur venitien échoué sur la côte portugaise, est engagé par don Henrique et découvre en 1455 l’embouchure du fleuve Gambie, avec 7 chevaux et de nombreux présents dans sa caravelle. Il les échange contre des esclaves avec les indigènes. Il rencontre en chemin un autre navigateur envoyé par don Henrique, Antoniotto Usodimar, avec lequel il unit ses forces pour découvrir l’embouchure. Ce à quoi il parvient mais il fait demi-tour devant l’hostilité des indigènes. Il fera d’autres voyages et écrira un journal de bord qui nous est parvenu et qu’on peut lire aujourd’hui.
Les navigateurs italiens tels que Cadamosto apportèrent de la technique à la navigation portugaise. Les premiers monopoles commerciaux apparaissent a la fin de la vie de dom Henrique. A Sagres, l’infant don Henrique encourage l’utilisation de la boussole et fait faire de nouvelles cartes telles que la mappemonde de Fra Furo. On a longtemps pensé qu’il s’était fait construire un observatoire où il se serait entouré de navigateurs, l’école de Sagres, mais il s’agit d’un mythe.
La cause de ces découvertes pourrait être la montée de la bourgeoisie, mais la noblesse était très impliqués dans ces découvertes, cette hypothèse est donc à nuancer. Une autre hypothèse serait la chute de Constantinople, qui coupe le passage entre orient et occident, cependant les grandes découvertes commencèrent avant 1453.
La mode en Europe




Houppelande, début du XVème siècle
Pourpoint, poulaines et hauts bonnet, vers 1460
Philippe le Bon, 1448
Chaperon, 1433
Au début du XVème siècle, la mode masculine est à la houppelande, longue robe sophistiquée. Mais dans les anées 1450, tout change. On se met à porter des pourpoints courts et larges d’épaules, des chausses ajutées et de longs bonnets. La mode des souliers est aux poulaines (longues chaussures). Quant au couvre-chef, on porte le chaperon (à capeline ou non) et, à partir du milieu du siècle, des hauts bonnets de feutre cylindriques.
Le changement par apport a la houppelande est énorme. Le noir à la mode depuis le XIVème siècle. Il est à l’origine des smokings actuels. Porté par les personnes les plus riches car très cher, le noir est une couleur aristocratique.
Philippe de Bourgogne dit « le Bon” adopte cette couleur et ne porte pratiquement plus qu’elle.
A l’époque, les classes sociales étaient très distinguées par la couleur des vêtements : colorés pour les plus riches, ternes pour les plus pauvres. Les teintures étaient très codées, on ne pouvait mélanger telle et telle couleurs légalement.

Poulaines
L’imprimerie

Si les chinois l’avaient inventée bien avant, l’imprimerie se diffusa en Europe quant Johannes Gutenberg inventa les caractères mobiles vers le milieu du XVème. L’imprimerie se diffusa vite avec des presses à colonnes en 1464, à paris en 1470 etc… L’imprimerie fut d’une importance capitale car elle permit la diffusion du livre à un prix plus bas et donc celle du savoir.
La Chine
La Chine se lança dans de grandes explorations à partir du début du XVème. L’amiral Zheng-He embarqua dans des jonques. Certaines, appelées navires trésors étaient environ six fois plus longues que la Santa Maria de Colomb. Il découvrit de nombreuses terres en Afrique de l’ouest, d’où il ramena de nombreux présents : girafe, autruche… Mais par la suite la Chine se replia sur elle-même.
Crédits images:
Introduction
Venise au temps de Marco Polo XVème siècle
La france
les très riches heures du duc de Berry XVème
(restés inachevés a la mort des frères Limbourg au debut du XVème ce livre d’heure fut complété par la suite)
miniature des chroniques de Fean Froissart XVème
La chevalerie
miniature vers 1460
La chasse
miniature d’une édition du traité de chasse de Gaston Phoebus XVème
Venise
Venise euvre de Bernhard von Breydenbach éxecutée à mayance 1486
le portugal
dom Henrique dans Crónicas dos Feitos de Guiné
plat fabriqué a Malagua vers 1425-1450
Mode
Miniature des frères Limbourg les petites heures du duc de Berry, vers 1412
Miniature (détail) dans des cas des nobles hommes et femmes, jean fouquet vers 1459-1460
Miniature (détail) des chroniques de Hainaut vers 1448
Autoportrait Jan Van Eyck,1433
Miniature (autre détail) des chroniques de Hainaut vers 1448
Imprimerie
Chants royaux sur la Conception couronnés au Puy de Rouen vers 1530
la chine
Estampe sur bois début du XVIIème siècle

Sources du dossier :
le monde au Moyen Age chronologies: Bernard Merdignac cartographie: Patrick Mérienne éditions Ouest-France
Luis Filipe Thomas l’éxpation portugaise dans le monde les multiples facettes d’un prisme
Le Moyen Age dix siècle d’ombre et de lumières, Anne Doustaly-Dunyach ,les Encyclopes
Wikipédia
Bnf
Histoire des modes et du vêtement, du Moyen-âge au XXIe siècle, sous la direction de Denis Bruna et Chloé Demey, éd. textuel.
The chronicle of western costume, John Peacock, éd. Thames et Hudson
Histoire Junior, édition Faton jeunesse
Romans historiques:
Ysée 1,2 et 3 Evelyne Brisou-Pellen
Garin Troussboeuf Evelyne Brisou-Pellen, tomes divers
Mon histoire Isabelle de Castille journal d’une princesse espagnol 1466-1469 Carolyn Meyer