Le XVIIIème siècle
par : Célestin
Le XVIIIème est bien évidemment le siècle des lumières, mouvement scientifique et philosophique où on cherche à mieux comprendre le monde et à le voir de manière plus scientifique, dont Voltaire, Rousseau, d’Alembert ou encore Diderot et Condorcet furent quelques-uns des plus illustres représentants. Les Lumières menèrent à la Révolution française qui marqua profondément le XVIIIème siècle (cf. voir article La Révolution Française, par Apolline) mais ce siècle est également celui de l’esclavage, de la guerre d’indépendance américaine, de la révolution agricole et des débuts de l’industrialisation qui changèrent également profondément le quotidien de la population à cette époque.
La révolution agricole et l’influence des gentlemen farmers

A partir des années 1680, les riches propriétaires fonciers anglais de la noblesse terrienne s’intéressent à des meilleures techniques de rendement pour leur domaine et à sa possible amélioration. Ils se renseignent aux Pays-Bas et à Versailles où le potager du roi avait réuni de nombreuses espèces végétales. Ils demandent de pouvoir privatiser et enclore leurs terres, ce qui est leur est autorisé en 1726 avec *l’enclosure act*. Ils s’intéressent à la culture du maïs et de la pomme de terre. Ils apprennent à remplacer la jachère par du fourrage ou à diviser leurs champs en trois plutôt qu’en deux comme auparavant, en ne laissant en jachère plus qu’un tiers. Cela permet d’élever plus de bétail et, autre avantage, le bétail laissé sur la parcelle en fourrage enrichit la terre. L’anglais Jethro Tull promeut un semoir qui permet d’économiser le grain, en le déposant directement dans les sillons plutôt que de semer à la volée. Les propriétaires fonciers anglais, Robert Bakewell et Thomas Coke introduisent l’élevage sélectif systématique comme pratique scientifique en jouant sur la consanguinité des animaux. Robert Bakewell améliore la race de moutons Lincoln Longwool en lui donnant une laine plus longue et plus brillante. Il améliore aussi le old english black, ancêtre du cheval Shire et la race bovine du long horn anglais. Le poids moyen d’un taureau passe de 370 livres vers 1700 à 800 livres vers 1800. Thomas Coke, quant à lui, améliore la race de mouton Dishlay Leicester. Les progrès de la révolution agricole s’étendent aussi en France, et avec les idées de retour à la nature de Rousseau, on voit un grand nombre de nobles français refluer vers leurs terres; ce qui améliore l’agriculture française dans les années 1760.
Le philosophe Voltaire, lui aussi propriétaire foncier, s’intéresse à son domaine de Ferney, (situé à la frontière suisse pour fuir en cas d’arrestation). Il entreprend de le moderniser, de faire raser la bruyère et d’assécher les marécages et pratique l’élevage. Il fait construire une fontaine et une église pour ses villageois. Le naturaliste Buffon entreprend une culture d’arbres dans son domaine à Montbard.
Ces progrès dans les techniques agricoles, ainsi que la diffusion massive de produits venus d’Amérique (maïs, pommes de terre, etc.), plus nourrissants que le blé, alliés à des progrès médicaux conduisent à une explosion démographique de soixante pour cent au Royaume-Uni, de trente pour cent en France et quarante pour cent dans toute l’Europe.
Cependant cette explosion démographique a aussi des défauts, car les paysans, qu’ils travaillent pour un riche propriétaire foncier ou pour leur propre compte, devenant plus nombreux, doivent diviser leurs terres et n’arrivent plus à en vivre.
Mais, à la saison morte, ils peuvent compter sur autre chose que l’agriculture ou l’élevage : la proto-industrie.

Thomas Gainsborough et Mr. Andrews
Ce tableau, peint vers 1750 par le célèbre peintre anglais Thomas Gainsborough est particulièrement représentatif de la révolution agricole.
On y voit le fermier Robert Andrews avec sa femme, Frances. Riche propriétaire foncier anglais, appartenant à la noblesse terrienne, il s’intéressait beaucoup à son domaine, comme le prouve par ailleurs le blé en arrière plan, semé par le semoir révolutionnaire de Jethro Tull (cela se voit à la régularité des rangées). Ce n’était pas dans le style de Gainsborough de peindre des éléments précis de la campagne. Peindre ce champ a donc probablement été demandé par Robert Andrews lui-même, certainement pour montrer qu’il était un “fermier moderne” à une époque où l’agronomie devient une véritable mode.
Quant au chêne, il représente probablement la noblesse terrienne ancrée dans son domaine depuis des générations (car le chêne vit très longtemps).

La proto industrie et le commerce triangulaire
Le principe de la proto-industrie est de se reconvertir dans l’artisanat à la saison morte. Elle existe déjà depuis le 17ème siècle mais à petite échelle, sous le nom de domestic system. Mais c’est avec le commerce triangulaire qu’elle va devenir véritablement rentable. Le commerce triangulaire consiste à prendre de mauvaises marchandises en Europe, armes sans qualité, quincaillerie, beaucoup d’indiennes (grandes étoffes colorées), à les revendre en Afrique contre des esclaves, et à les amener dans les îles de Saint-Domingue pour les vendre contre de la cannelle, du café, du chocolat, de la vanille, de la canne à sucre pour finalement revendre ces denrées en Europe, dans une société friande d’exotisme. Beaucoup d’esclaves meurent en route et les conditions de voyage sont effroyables.
Les esclaves arrivés aux îles de Saint Domingue sont marqués au fer rouge de la plantation et baptisés par des noms européens ou par des sobriquets dégradants « le trop cher », « le rapide », etc. On les faisait alors travailler avec de rudes conditions de travail dans les plantations de canne à sucre, vivant entassés dans des huttes et travaillant toute la journée. Le manque de nourriture se faisait également régulièrement sentir.
Le principe de la proto-industrie était donc de fabriquer des indiennes ou autre et de les envoyer dans le commerce triangulaire, ce qui constituait une autre source de revenus que l’agriculture pour les paysans, en pause pendant l’hiver.
Le début de l’industrialisation

Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, l’Angleterre s’industrialise, marquant le début de la première révolution industrielle.
En 1733, en Angleterre, est inventée la navette volante, un métier à tisser, qui, grâce à un système de poids, permet une plus grande efficacité.
Elle conduira à l’industrie, car elle permet de travailler de manière tellement plus efficace que les machines à filer n’arrivent plus à suivre le rythme, et on est donc contraint d’en inventer de plus rapides.
C’est ainsi qu’apparaît, vers 1765, la spinning jenny, un métier à filer, qui marque le début de l’industrialisation, car elle fonctionne à la machine à vapeur, qui jusque-là était cantonnée à chasser l’eau accumulée dans les mines de charbon.
Mais la spinning jenny est tellement efficace qu’un nouveau goulet d’étranglement apparaît : à son tour, elle dépasse l’efficacité de la navette volante. Elle produit trop de fil par rapport à ce que les navettes volantes réussissent à tisser.
Ceci conduit à inventer, vers 1780, de nouvelles machines à tisser, fonctionnant elles aussi à la machine à vapeur.
De plus, au cours des années 1760, en Angleterre, on se met à remplacer la fonte par du fer, plus résistant, grâce à la méthode de Darby. Cette méthode avait été inventée dès le début du siècle mais elle n’avait jusqu’alors pas été utilisée car elle est très dangereuse pour les ouvriers et qu’elle nécessitait d’adapter les hauts fourneaux. Elle trouve son utilité à la fin du siècle au moment où apparaissent les machines industrielles, qui demandent beaucoup de fer.
Durant cette même période, on se met également à remplacer le charbon de bois par de la houille (charbon de terre).
Durant les années 1780, les machines à vapeur, qui jusque-là avaient un mouvement alternatif, ont désormais un mouvement rotatif. Elles consomment moins de charbon, et ce mouvement permettra par la suite d’inventer la locomotive.
Ces nouvelles technologies se répandent très vite en Angleterre, car ces nouvelles techniques ne demandent pas de qualification particulière chez les ouvriers, leur utilisation étant très simple.
L’industrialisation se diffuse très vite en Belgique, en France et en Suisse, entre 1770 et 1810.

La navigation


Au cours du XVIIIème siècle, portés par les idées révolutionnaires des Lumières, la France et l’Angleterre, à la suite de L’Espagne et du Portugal quelques siècles auparavant, se lancent dans l’exploration de nouvelles terres. De nombreuses explorations sont lancées à travers le monde, telles que celles de Bougainville, Cook ou La Condamine.
Contrairement aux explorations du XVII siècle dont le but était surtout la colonisation de nouvelles terres, celles du XVIII ont également une dimension scientifique. On embarque de nombreux savants à bord des navires. Des explorations de James Cook nous parviendront de magnifiques planches illustrées ainsi qu’un kangourou empaillé.
Louis XVI, qui se passionne pour la cartographie, finance l’expédition de Monsieur de Lapérouse, dont le but est à la fois de découvrir de nouvelles terres et d’établir de bonnes relations avec certaines contrées déjà découvertes. Louis XVI aurait demandé, en se rendant à l’échafaud : “A-t-on des nouvelles de Monsieur de Lapérouse ?”. Lapérouse avait en effet disparu mystérieusement après avoir accosté en Australie au cours de l’année 1788. Heureusement, il avait déjà fait parvenir son carnet de voyage en France.
Mais, que l’on soit commerçant ou explorateur, les mers ne sont pas sûres: durant la première moitié du siècle, la piraterie bat son plein. Pour cela, voir “Corsaires, flibustiers et pirates, la navigation du XVIème au XVIIIème siècle”.

Un des plus grands navigateurs de cette époque fut James Cook, qui n’eut aucun mort du scorbut grâce à une étonnante combine: chaque marin devait obligatoirement boire du jus de citron et manger de la choucroute, ce qui se révéla étonnamment efficace. On doit à ce célèbre capitaine la cartographie de l’Australie ainsi que la découverte des îles Sandwich (actuelle Hawai).
James Cook est tout d’abord apprenti épicier. Mais son patron le retrouve souvent face à la mer. Aussi lui propose-t-il de travailler dans le port, où il s’engage comme charbonnier. Coup du sort ou hasard ? Son futur navire, l’Endeavour, est un charbonnier réaménagé.
En 1768, il entame un voyage lors duquel il cartographie la Nouvelle-Zélande et l’Australie. Il déclare durant ce voyage que le continent austral, terra incognita, qu’on lui a demandé de rechercher secrètement (son équipage n’était pas au courant) n’existe pas.
Lors du second voyage, à bord du Resolution et de l’Adventure, il doit prouver la véracité de ses dires. Il découvre une île qu’il nomme la Géorgie du Sud.
Proche de l’Antarctique, il va plus au Sud que quiconque avant lui, puis fait demi-tour vers Tahiti pour y faire le plein de vivres.
Cette île, découverte peu avant par Samuel Wallis et explorée par le français Bougainville, est un lieu qui, romancé par les écrits de Cook et Bougainville, est la personnification de l’idée du bon sauvage, très en vogue lors des lumières et défendue par Jean-Jacques Rousseau.
Lors de la troisième expédition, il doit prouver qu’il n’existe aucun passage à travers l’Amérique du nord, reliant l’océan Atlantique au Pacifique. Il s’arrête en Californie mais remonte jusqu’en Alaska, où il s’arrête bien que voulant monter plus haut, car il est arrêté par un énorme mur de glace.
Il revient faire le plein de vivres à Hawaï, archipel découvert plus tôt dans le voyage, qu’il nomme îles Sandwich. Mais là bas, il court récupérer une pirogue volée, et prend le roi en otage, malgré la logique pacifique qui le caractérise habituellement. Cependant, les indigènes attaquent sur la plage. Il est le premier à tirer, mais avec une balle de petit plomb, qui n’est pas faite pour tuer. Les indigènes croient leurs ennemis inoffensifs, et tuent James Cook tandis que ce dernier leur tournait le dos, pour dire à ses hommes de ne pas tirer. Le capitaine Cook et une partie de son équipage sont dévorés et le bateau repart, sans son capitaine.

Les cabinets de curiosité.

Les cabinets de curiosité existent depuis le XVIème siècle. Il s’agit d’une ou de plusieurs pièces, contenant des choses rares et exotiques. Le seul but, jusqu’au XVIIIème siècle, était d’impressionner ses visiteurs et de montrer sa richesse. Puis, pendant le siècle des Lumières, les cabinets de curiosités commencent à prendre une dimension savante et à se spécialiser. A côté des raretés étranges (chats à deux têtes, animaux fantastiques, corne de licorne, etc.) qui persistent toujours, ainsi que des choses exotiques et des antiquités (momies, vases grecs, plantes venues de lointains horizons, objets étranges), on voit l’apparition d’appareil de chimie et de physique venant de la volonté de voir le monde de manière plus scientifique. De même, les cabinets de curiosité se spécialisent. Auparavant les apothicaires et les médecins possédaient déjà des cabinets dédiés à un seul sujet, mais à présent, il devient à la mode de posséder des cabinets mieux classés (par date, sujet, genre, etc.) et dont le but n’est plus seulement esthétique.
C’est également à cette époque, dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, que les cabinets de curiosité vivent leur âge d’or : Paris en compte 500 entre 1750 et 1790.

Si, auparavant, seuls les rois, puis également les nobles, les ecclésiastiques et certaines professions pouvaient se permettre un tel luxe, plus de cabinets de curiosités de particuliers apparaissent à cette époque-là.
Les négociants de coquillages, et de toutes autres sortes de choses, se font beaucoup d’argent en vendant de nombreux objets à l’authenticité douteuse: des cornes de narvals comme cornes de licorne, du quartz comme glace éternelle, des fossiles d’animaux improbables, etc. Et malgré la volonté scientifique du XVIIIème siècle, les acheteurs pullulent, ce qui leur est notamment reproché par le naturaliste Buffon qui dit ainsi, dans l’un des tomes de son Histoire naturelle en 1749 “ La plupart de ceux qui, sans aucune étude précédente de l’Histoire Naturelle, veulent avoir des cabinets de ce genre, sont de ces personnes aisées, peu occupées, qui cherchent à s’amuser, et regardent comme un mérite d’être mises au rang des curieux ; ces gens-là commencent par acheter, sans choix, tout ce qui leur frappe les yeux ; ils ont l’air de désirer avec passion les choses qu’on leur dit être rares et extraordinaires, il les estiment au prix qu’ils les ont acquises, ils arrangent le tout avec complaisance, ou l’entassent avec confusion, et finissent bientôt par se dégoûter”. Mais Buffon reconnaît également les bons côtés des cabinets de curiosité, à savoir la réunion d’un grand nombre d’objets d’étude, ajoutée à une tentative pour les classer.
Avec la Révolution, les cabinets de curiosité, associés à l’Ancien Régime, disparaissent momentanément avant de réapparaître au XIXème siècle, et de connaître une seconde période de gloire dans la deuxième moitié de ce dernier.
Parfois à la mort de leur propriétaire, ces grandes collections étaient léguées à la science. Ces cabinets sont les ancêtres de nos musées d’histoire naturelle.
L’exotisme

La cannelle, le café et les denrées exotiques arrivés en Europe sont très demandés. L’exotisme est très à la mode. Il est de bon ton pour les riches de boire du thé, du café, du chocolat et de posséder des animaux venus de pays lointains comme des perroquets gris du Gabon, des cacatoès soufré etc. En France, dans les appartements royaux, il n’est pas rare de croiser des singes de compagnie et la ménagerie royale possède même un rhinocéros.
Les animaux de compagnie

Beaucoup d’animaux, au XVIII siècle, étaient réputés comme animaux de compagnie. Buffon décrit plusieurs espèces de chats dont le chartreux, l’angora turc, le chat domestique et le chat d’Espagne, race qui est actuellement éteinte. A cette époque, les angoras vivaient un grand engouement chez l ‘aristocratie. Il faut dire qu’avant le XVIIe, la France ne connaissait pas les chats à poils longs. Déjà Richelieu, Louis XIII, puis Louis XV, Louis XVI et Marie-Antoinette possédaient des angoras. Cette dernière, avant de se faire capturer les envoya aux Etats-Unis où ils donnèrent naissance aux maine-coon, bien qu’il s’agisse sans doute d’un mythe. Louis XV aimait tout particulièrement les chats. Pour Brillant, son angora blanc, il y avait même un coussin dans la salle du trône. Louis XVI, quant à lui, bien qu’il en posséda, était légèrement fâché avec eux, depuis que l’un d’eux s’était blotti dans sa chaise percée.. Richelieu possédait 14 chats qu’il adorait. Un jour, l’un d’eux renversa de l’encre sur une traite de mise à mort d’un mousquetaire qui s’était battu dans un duel clandestin, sauvant ainsi involontairement le jeune homme.
Les rois de France avaient également une passion pour les meutes de chiens: lévriers, braques ….
Mais les chats et les chiens étaient loin d’être les seuls animaux de compagnie.
Les perroquets, dans une société friande d’exotisme, celui du Gabon par exemple, étaient fort appréciés. Ils étaient parfois ramenés par les pirates des Antilles et ils se vendaient à bon prix en Europe. L’emblème en est sans doute Long John Silver, un perroquet sur l’épaule dans l’île aux trésors de Robert Louis Stevenson!
Dans les appartements royaux, on jouait également avec de petits singes. A Versailles, il y avait aussi une ménagerie abritant divers animaux exotiques, tel que les aras bleus et jaunes, la spatule, le rhinocéros (il périt lors lors de la révolution française), les lions. Quant aux autres fauves, ils avaient été transportés à la ménagerie de Vincennes. Marie-Antoinette s’était fait construire durant les années 1780 une petite ferme lui rappelant sa jeunesse.
Tous ces animaux se retrouvent fréquemment sur les tableaux du XVII et XVIII: Jean -Baptiste Oudry, Jean-Jacques Bachelier, Alexandre François Desportes, Nicasius Bernardet.
Les rapides purs sang anglais, créés au début du XVIIIème siècle commencent à remplacer les lourds chevaux baroques qui étaient auparavant en vogue. Cependant certaines personnes tel que Buffon ou l’écuyer du roi déclarent encore que “l’andalou est le meilleur cheval du monde”.
Les animaux sauvages au XVIIIème :
Au XVIII, comme le prouve Buffon (histoire naturelle du cabinet du roy) et la fameuse encyclopédie de Diderot et D’Alembert naît une volonté de classer et cataloguer le monde de manière scientifique. Les animaux n’échappent pas à cette volonté. De nombreux scientifiques tel que que Liné, s’y intéressent, les classent et les inventorient. On découvre de nouvelles espèces grâce aux grandes explorations de ce siècle et on embarque des naturalistes sur les navires tel que le célèbre naturaliste, Joseph Banks qui, avec plusieurs dessinateurs, accompagna James Cook dans les mers australes .


Paris, capitale de la mode, du luxe et de l’inégalité


Paris est au XVIII une des villes les plus peuplée d’Europe.
Elle est alors considérée comme capitale de la mode. Elle compte 142 joailliers, 40 papetiers, 252 orfèvres et 60 parfumeurs !
A l’époque, on met une superposition de vêtements. Plus il y en a, plus c’est élégant! Mais aussi une superposition de parfums car on ne se lave pas beaucoup! On fait simplement une toilette sèche car on dit que l’eau fait entrer les maladies dans la peau et que la couche de crasse l’en isole. Les puces et les punaises prolifèrent et on s’attache autour du cou un piège, simple petit cylindre de terre cuite percé dans lequel on met une mèche imbibée de sang et de résine. Les insectes vont aller vers la mèche et se faire coller par la résine.
Pour la noblesse, la mode est bien vite passée. Elle vend alors ses habits à des friperies qui les revendent à des bourgeois qui s’habillent ainsi avec élégance bien que légèrement démodés. Mais pour moins dépenser aux cours des modes girouettes, les aristocrates achètent aussi des produits de demi-luxe, des imitations: de la faïence à la place de la porcelaine, du simili or à la place de l’or, du strass à la place du diamant. Même si le strass quant à lui devient une véritable mode.
A côté de ça, le peuple ne s’offre pas de tels luxes. Au contraire, il connaît la famine et la misère. Le prix du pain, qui constitue le principal apport de nourriture des pauvres, flambe régulièrement selon les mauvaises récoltes. Il arrive qu’on le mélange avec de la sciure parce qu’on manque de farine. Les rues grouillent d’animation entre la file qui fait la queue devant la boulangerie pour avoir un morceau de pain, les petits marchands qui vendent du sel mélangé à du sable et du vinaigre mélangé à de l’eau pour faire du vin, les marchands qui vendent les restes des repas des riches. L’agitation ne manque pas. Il y a de nombreux métiers de rue tels que placeur de planches au dessus des flaques lorsqu’il pleut et que les rues sont transformées en porcherie. Il faut dire qu’on est à une époque où on jette les ordures dans la rue. L’hygiène est un vrai problème à Paris. Les ordures entrent dans le sol, polluent les nappes phréatiques; ce qui provoque de nombreuses maladies. mais ce n’est pas le seul problème. Il n’ a pas assez de logements, les loyers sont trop chers. Les gens doivent souvent déménager. Si bien qu’on doit mettre des créneaux de déménagement pour qu’on ne puisse déménager que quatre fois par an.
Sur le pont de Notre Dame, des immeubles de cinq à six étages bloquent toute la lumière.
En outre, depuis 1774, les rues commencent à s’effondrer car les carrières dans les sous-sols de Paris forment de nombreux creux qui ne supportent pas le poids des immeubles.
Tous ces problèmes touchent le peuple et combiné à l’injustice sociale font grandir les tensions. Aussi pour éviter qu’on se retourne contre le roi, on écrase tous les soupçons de révolte.
On ne parle pas librement dans les rues de Paris car des espions aussi appelés mouches, parfois d’anciens assassins, payés par le gouvernement, écoutent tout avis anti-royaliste ou une innocente plaisanterie sur le roi. On a retrouvé dans les archives des lettres de cachet encore vierges mais déjà signées de Louis XVI. Cela permettait d’arrêter les suspects sur le moment et de les enfermer pour quelques temps. Le but est d’étouffer la révolte qu’on sent grandir dans les rues et qui bientôt aboutira à la révolution française.
La perruque est au 18 siècle un accessoire très symbolique.
A cette époque, les nobles se devaient de la porter. Les différents formats représentaient les différents statuts sociaux. A partir des années 1770, les perruques, symbole de l’ancien régime, commencent à passer de mode mais elles sont toujours très portées à la cour. Rousseau, Montesquieu, Diderot ne portaient pas de perruques, pour montrer leur attachement à la liberté. A partir de la fin du siècle, les femmes se parent de coiffures de plus en plus extravagantes, très critiquées par le peuple et qui font le bonheur des caricaturistes!
Le fait qu’on poudre les perruques et les coiffures avec de la farine, le fait qu’on fabrique du pain à boucler les perruques (On prend des bâtons de buis qu’on entoure de papier puis d’une pâte de farine de seigle qu’on cuit, Cela permet de faire des boucles bien rondes et fermes) alors que le peuple manque de pain montre la division de la société. Il faut dire qu’à l’époque, la société est divisée entre trois ordres, la noblesse, les bourgeois et le petit peuple. Alors que les nobles vivent dans le luxe et l’opulence, le petit peuple meurt de faim.
Certains caricaturistes dessinent des dames dont la coiffure est en train de flamber sans qu’elles s’en aperçoivent tant leur coiffure est haute; avertissant ainsi que la politique va flamber, ce qui arrivera en 1789 avec la révolution française.
La mode




robe battante
robe à la française
habit à la française
redingote
Le XVIIIème siècle voit de nombreux changements dans le domaine de la mode. La cour voit de fréquents changements sur de petits détails tels que le nombre de boutons, si bien que la noblesse se contente généralement de transformer ses habits. Quand ils sont vraiment passés de mode, elle les vend à des fripiers qui eux-mêmes les revendent à des bourgeois; ce qui permet à ces derniers de suivre la mode bien qu’avec un peu de retard, Par ailleurs, de nouvelles modes arrivent à la cour où l’étiquette est moins pesante que sous Louis XIV. Par exemple au début du siècle naît la robe volante ou battante, qui se porte sur un panier comme le prouve cette citation du Mercure de France: Parce qu’ils étoient comme une espèce de cage ou panier à mettre la volaille”. Beaucoup à l’époque la trouvent très indécente car elle est inspirée du déshabillé qu’on ne porte qu’à l’intérieur. De plus n’étant pas serrée à la taille, elle donne une démarche chaloupée. Les hommes, quant à eux, portent l’incontournable habit à la française, né au cours des années 1670, composé d’un gilet, d’un justaucorps et de culottes.
Mais vers 1730, il change et se transforme peu à peu. De grands plis verticaux descendent sur les côtés en lui donnant de l’ampleur.et c’est également vers cette époque, que la perruque Louis XIV laisse place à une perruque, petite, poudrée rattachée à l’arrière par un sac, ornementée de rouleaux latéraux sur les côtés. Vers le milieu du siècle, la robe battante est peu à peu modifiée pour donner naissance à la robe à la française, plus serrée à la taille, faite, comme le costume des hommes, de trois pièces: Le manteau, la jupe et la pièce d’estomac, également tout assortis. Ces deux habits, bien qu’ils évolueront, caractérisent tout le reste du siècle. Et jusqu’à l’avènement de l’anglomanie à la fin du siècle, Paris dictera la mode dans toute l’Europe.
Mais à partir de la fin du siècle, tout change. Les femmes prenant beaucoup de place dans les milieux littéraires, de nombreuses personnes décident de les cantonner au domaine de la mode. C’est à cette époque, également, poussés par l’anglomanie que les hommes commencèrent à adopter une mode plus simple et plus fonctionnelle en adoptant par exemple la redingote, arrivé en France vers 1720 mais jusque là réservée à la campagne.
De même, porté par les idées des lumières, dès les années 1770, la perruque perd de son importance et de nombreux philosophes tels que Diderot et Rousseau décident de ne plus la porter.
Chez les femmes des nouvelles coiffures très extravagantes font leur apparition dès le début des années 1770: les pouffes. Composés de vrais cheveux et de postiches, comportant souvent une structure en fer, rehaussées de coussins et décorées d’objets de toutes sortes, tels que la frégate “Belle Poule” pour fêter une bataille de la guerre d’indépendance américaine en 1778 ou de symboles de la personnalité de sa propriétaire, ces nouvelles coiffures resteront emblématiques du contraste de l’aristocratie française et de la pauvreté de ses paysans.
Le rythme de la mode s’intensifie et apparaissent de nombreuses robes aux noms exotiques , “à la polonaise”, “à la piémontaise”, et “à l’indienne”, “à la turque ».

Et également “à l’anglaise” car à partir de ce moment, c’est l’Angleterre qui commence à dicter les modes avec ses fracs et ses redingotes simples pour les hommes et ses robes à l’anglaise, également plus fonctionnelles, pour les femmes. Les philosophes des lumières soutiennent qu’il faut s’habiller simplement. Marie-Antoinette fait commander un portrait d’elle dans une robe simple et un décor sombre . Le tableau choque et est remplacé par un tableau de Marie-Antoinette dans une robe traditionnelle à la française.

Les tissus plus simples, parfois lignés, remplacent les riches velours et les brocards et la coupe du vêtement devient plus simple. Au cours des 1780, les tissus lignés s’inspirant de l’onagre de la ménagerie de Versailles deviennent populaires.
Les enfants qui auparavant étaient emmaillotés puis serrés avec des baleines et des corsets rigides voit le corps médical déconseiller ses pratiques barbares. Les médecins et les philosophes voient les corsets, baleines et toute autres entraves plus comme des contraintes contre nature alors qu’auparavant, on les prenait comme des tuteurs pour aider au maintien aristocratique très important à l’époque.
Avec la mode du retour à la nature naissent chez les hommes des gilets brodés de fleurs et de décors champêtres. Ces gilets ont tant de succès que certains marchands de mode les vendent en kit, prédécoupés, prêts à être ajustés chez le tailleur.
Au Cours du siècle, la silhouette de l’habit à la française n’a cessè de s’affiner et de se simplifier et à la fin du siècle, le noir perd sa connotation de deuil et devient la couleur de base dans les costumes masculins. Les gilets brodés ainsi que les robes de chambres restent les seules pièces colorées et pleines de fantaisies du vestiaire masculin. A partir de la seconde moitié du XVIII, les hommes abandonnent le domaine de la mode aux femmes pour s’habiller de manière sobre et pratique.
Néanmoins les accessoires, féminins et masculins montrent bien que la consommation bat son plein avec de plus le début de l’industrie. D’après Voltaire, quand on est riche, il faut acheter le plus possible pour donner du travail aux pauvres. Rousseau, au contraire, se bat contre les artifices et la société de consommation grandissante.
Au début de la révolution française, on ne voit aucun tournant décisif mais à partir du début des années 1790, le vêtement reflète les ambitions politiques de celui qui le porte. On porte une veste courte appelée à la carmagnole et un foulard grossièrement attaché autour du cou. On se promène facilement avec une cocarde même Marie-Antoinette porte les plumes tricolores dans sa coiffure à l’occasion de la fête de la fédération en 1790. La culotte est abandonnée chez les pauvres, d’où le nom de “sans-culotte”. Les pantalons et les vêtements à rayures vivent leur apogée. A partir de 1789, les lacets remplacent les boucles de chaussures.

Guerre d’indépendance américaine.
Jusqu’à la fin du XVIIIème, les Etats-Unis d’Amérique étaient des colonies anglaises. Elles étaient particulièrement précieuses pour l’Angleterre car elles permettaient non seulement d’importer de nombreuses matières premières en Angleterre à bas prix mais constituaient aussi un marché captif. En effet, les matières premières étaient transformées par l’industrie britannique puis ré-importées en Amérique où les colons étaient obligés d’acheter les produits britanniques les forçant ainsi à être leur alliés commerciaux.
De plus, affaiblie par la guerre de sept ans, l’Angleterre était en souci financier et surtaxa les colonies américaines en imposant des taxes sur les journaux et documents officiels (Stamp Act). Cela créa des émeutes et cette mesure fut remplacée par des taxes sur de nombreux produits notamment le thé, le verre, le papier ou le plomb. Les colons envoyés là-bas étaient traités comme colonisés et non comme colons. Ils devaient payer des taxes sans pour autant avoir de pouvoir politique. Face à d’autres révoltes, on ne garda que la taxe sur le thé.

Pour se révolter certains colons se déguisèrent en indiens, interceptèrent un navire angais transportant du thé et le jetèrent par-dessus bord. Cet épisode restera célèbre sous le nom de Boston Tea Party.
Tout cela finit par déclencher la guerre d’indépendance.
Depuis le début du conflit, la France, qui est toujours en froid avec L’Angleterre, envoie secrètement des soutiens financiers aux américains. Le jeune marquis de La Fayette va illégalement et à ses frais aider les insurgés, puis rentre en France et soutient Benjamin Franklin pour obtenir une aide officielle de Louis XVI. Puis en 1778, la France entre officiellement en guerre. Après de nombreux conflits, la bataille de Yorktown marque la capitulation définitive de l’Angleterre et le traité de paix déclarant que les Etats Unis cessent officiellement d’être une colonie est signé en 1782.
Cependant, cette guerre a beaucoup affaibli la France notamment de manière financière, et c’est l’un des facteurs qui mènera à la Révolution française. De plus, les Etats-Unis d’Amérique inspireront aussi les révolutionnaires en montrant qu’un pays peut se débrouiller sans roi.

Sources du dossier :
Un jour à Paris en 1775
Histoire au quotidien, la vie sous la Révolution française
Bougainville le voyage à Tahiti, Arte documentaire
James Cook Arte documentaire
Histoire Junior (principalement le numéro 103, les philosophes contre l’obscurantisme : le siècle des Lumières ), édition Faton Jeunesse
Cours Histoire économique et sociale de la globalisation, par Michel Oris, à l’Unige.
Wikipédia
Bnf
Histoire du monde, de 1492 à 1789, sous la direction de Jean Delumeau
https://www.histoire-pour-tous.fr/
Histoire des modes et du vêtement, du Moyen-âge au XXIe siècle, sous la direction de Denis Bruna et Chloé Demey, éd. textuel.
The chronicle of western costume, John Peacock, éd. Thames et Hudson
Le petit Léonard,n.273 les animeaux du roi a versaille éditions Faton Jeunesse
radio France Les cabinets de curiosités, temples de l’infox scientifique
Romans historiques:
La demoiselle de Lumière, fille de Voltaire, Annie Jay
Le singe de Buffon, Laure Bazire, Flore Talamon
L’Inconnu du Pacifique, Martin de Halleux
Vers des terres inconnus, Keren Hesse
Alma, Timothée de Fombelle
Crédits images:
La révolution agricole
dessin de l’auteur de l’article
dessin de l’auteur de l’article
Thomas Gainsborough et Mr.Andrews
Les époux Adrews Thomas Gainsborough vers 1750
La proto-industrie et les débuts de l’industrialisation
auteur inconnu 1835
Denis Diderot D’Alembert 1777-1779
La navigation
dessin de l’auteur de l’article
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Nathaniel Dance-Hollande capitaine James Cook 1776
Les cabinets de curiosités
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Domenico Remps le cabinet de curiosités 1690
Les animaux de compagnie
dessin de l’auteur de l’article
Jean Jaques Bachelier un chat angora 1761
Buvée (dessinateur) / Louis Le Grand (graveur) angora turc dans l’histoire naturelle de Buffon.
Paris, capitale de la mode, du luxe et de l’inégalité
Encyclopédie Méthodique 1785
Extr. de » L’Art de la coiffure des dames » / Legros, 1767
Mode
Jean-François de Troy la declaration d’amour détail 1731
Robert Delaunay Les Adieux 1777
Joseph Hauzinger detail d’un tableau vers 1776
Sir Joshua Reynolds 1761
Elisabeth Louise Vigée le brun marie antoinette en robe de mousseline 1783
Thomas Gainsborough Mr et Mrs William Hallett ou La Promenade du matin 1785
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Guerre d’indépendance américaine